Script de la vidéo
Script Vidéo - “Les stéréotypes de genre dans les jeux-vidéos”
Introduction :
Dans le secteur du jeu vidéo, on peut retrouver de nombreux clichés visant les hommes et les femmes.
Mais à quel point sont-ils présents ? Comment ont-ils évolué ? Les stéréotypes touchent-ils tous les pans du gaming, que ce soit les équipes de développement, les personnages ou même les joueurs et joueuses ?
Nous c’est 2NL Prod et aujourd’hui, nous allons répondre à toutes ces questions.
Partie 1 : Les stéréotypes chez les joueurs et joueuses?
1. Les chiffres clés
On pourrait croire que c’est surtout les hommes qui jouent aux jeux vidéo. Spoiler alert : c’est pas vrai !
- En France, il y a 18,3 millions de joueuses – ça représente près de 48% des joueurs.
- Chez les femmes âgées de 16 à 30 ans, 56 % jouent quotidiennement aux jeux vidéo.
- Une étude de 2013 menée par Flurry révèle que 60-80 % des femmes préfèrent des jeux type Solitaire, machine à sous, jeux en tour par tour,
Ou ce qu’on appelle des match-3 (comme Candy Crush),
Il y a aussi les jeux de gestion (les Sims) ou encore les quiz cérébraux. En revanche, 60 à 80 % des hommes optent pour les jeux de stratégie, de tir, de cartes, de course et d’action-RPG.
Même si les joueuses sont bel et bien là, leur présence en tant qu’influenceuses reste très rare. Sur Twitch, seuls 11,6 % des créateurs sont des femmes. Pourtant, en 2022, 65 % des gameuses déclaraient regarder du streaming chaque semaine. Selon Women in Games France, une association pour la mixité dans le jeu vidéo dont on reparlera plus tard dans cette vidéo, seulement 15 % des femmes qui jouent aux jeux vidéo se sentent « gameuse ». Ce sentiment d’illégitimité s’explique par plusieurs facteurs :
- Historiquement, les producteurs de jeux ciblaient surtout un public masculin, alimentant ainsi l’idée que « les jeux vidéo, c’est pour les garçons ».
- Le harcèlement en ligne, aussi, ne fait qu’accentuer ce malaise.
2. La misogynie en ligne
Passons maintenant à la face sombre du gaming. Les chiffres ne mentent pas :
- Une étude de l’IFOP indique qu’en France, 4 femmes sur 10 affirment avoir vécu des situations de harcèlement en jouant en ligne.
- Pour les jeux de combat, le taux grimpe à 66 %, et pour les MMORPG, il atteint 58 %. Ces statistiques peuvent s’expliquer par la nature des interactions sociales dans ces jeux : les chats textuels ou vocaux, associés à l’anonymat, favorisent les insultes, la toxicité et la discrimination, y compris les remarques sexistes. Ce sont aussi des jeux à affrontement direct, où l’on peut donc retrouver de la rivalité.
Côté streameuses, la situation est encore plus alarmante. Des figures connues comme Pokimane, Ultia et Helydia ont raconté ces violences en ligne. En 2022, une enquête de l’ADAN a montré que 45 % des femmes créatrices de contenus dans le gaming avaient déjà été victimes de harcèlement, comparé à 18 % chez les hommes. Ce climat hostile dissuade bon nombre de joueuses de se lancer dans la création de contenu et se répercute aussi dans le monde compétitif de l’e-sport.
3. Les joueuses dans l’e-sport
Les chiffres de France Esport pour 2022 illustrent bien cette réalité :
- Pour les jeux d’affrontement, si on regarde uniquement les joueurs qui ne font pas de parties classées, les joueuses représentent 52 % contre 48 % pour les joueurs.
- Mais dès que l’on ajoute les parties classées, la balance se déplace à 71 % de joueurs contre seulement 29 % de joueuses.
- Et si on prend uniquement les participants à des compétitions e-sport officielles, le nombre de joueuses chute jusqu’à 6 %.
Partie 2 : Les stéréotypes dans l’industrie du jeu-vidéo
1. Un secteur historiquement masculin
La sous-représentation des femmes ne se limite pas aux joueurs, elle touche également les métiers techniques et créatifs dans le secteur.
- Dans les formations en jeux vidéo en France, les femmes ne représentent que 26,7 % des étudiants, et seulement 24 % des effectifs dans les studios en France en 2023.
- Cet écart trouve ses racines dans une longue histoire d’exclusion des femmes des postes clés.
- Harmonie Freyburger, vice-présidente d’une association qui lutte contre cette exclusion, explique : "De manière générale, les filles sont moins poussées vers des carrières techniques que les garçons."
- L’éducation genrée, dès l’enfance – à la maison comme à l’école – contribue aussi à ce désengagement, car les filles sont encore très peu sensibilisées aux jeux vidéo.
- Il est intéressant de noter que la représentation féminine est en progression depuis 2018 (en 2014, elles ne représentaient que 10,6 % des effectifs), mais la situation stagne aujourd’hui.
2. Les inégalités de traitement et de reconnaissance dans les studios
Malgré quelques progrès, les inégalités persistent dans les studios :
- On observe encore d’importants écarts de salaire entre hommes et femmes.
- De plus, plusieurs scandales ont éclaté ces dernières années, dévoilant des cas de harcèlement et de discrimination dans des studios majeurs tels que Blizzard et Ubisoft.
- Suite à ces affaires, 3 hauts placés du groupe Ubisoft ont été poursuivis pour harcèlement sexuel et moral – le procès ayant eu lieu en mars 2025, trois ans après les premières accusations.
D’autres témoignages ont aussi révélé une culture toxique où les femmes peinent à être reconnues et à évoluer dans leur carrière.Toutefois, ces affaires ont aussi permis d’éveiller les consciences et d’inciter les entreprises à prendre des mesures.
3. Les initiatives pour plus de diversité
Face à ces défis, des initiatives voient le jour pour promouvoir la diversité dans le jeu vidéo.
- Des organisations comme Women in Games œuvrent pour encourager et soutenir les femmes dans l’industrie.
- Women in Games est une association professionnelle dédiée à la mixité dans le secteur, avec pour objectif de doubler le nombre de femmes et de personnes non-binaires dans l’industrie d’ici 10 ans.
- Créé en 2017 et comptant 3000 membres, le collectif intervient à travers trois axes majeurs :
- Rendre les personnes de genre marginalisé plus visibles en mettant en avant des rôles modèles inspirants.
- Sensibiliser et former les acteur·rices du secteur à l’inclusion et à l’égalité.
- Faciliter le développement professionnel grâce à des formations et du réseautage.
- Par ailleurs, de grands studios comme Naughty Dog ont adopté des politiques internes pour favoriser un environnement plus inclusif, en misant sur le mentorat, des formations adaptées et des recrutements diversifiés.
Partie 3 : L’hypersexualisation des personnages féminins
L’analyse des inégalités dans l’industrie du jeu vidéo a aussi ses répercussions sur la représentation des personnages féminins, qui demeure fortement impactée par des stéréotypes de genre.
1. L’hypersexualisation des personnages féminins
Pendant des années, les personnages féminins dans les jeux vidéo ont surtout été définis par leur apparence – et souvent de manière inutilement sexualisée.
- Lara Croft de Tomb Raider est un exemple mythique : à l’origine, elle aurait eu une taille de poitrine augmentée de 150 % à cause d’une erreur de codage. Au lieu de corriger le bug, l’équipe de développement l’a trouvé “sympa” et a gardé ce look hyper exagéré pendant des années.
- Ce n’est pas un cas isolé : Chun-Li, premier personnage féminin dans Street Fighter II, est souvent mise en avant pour ses formes plutôt que pour ses compétences en arts martiaux.
- Dans les années 90, avec l’arrivée des graphismes en 3D, la sexualisation des femmes explose. Des titres comme Soul Calibur 5, Xtreme Beach Volley ou Metal Gear Solid 5 présentent des personnages féminins avec des tenues improbables, extrêmement peu couvrantes, alors que les personnages masculins arborent des costumes de soldats ou de combattants.
Cette différence de traitement s’inscrit dans ce qu’on appelle le "male gaze" (le regard masculin), une manière de représenter les personnages destinée à plaire à un public masculin hétérosexuel, et qui a longtemps dominé l’esthétique des jeux vidéo.
2. Une évolution… mais pas sans résistance
Heureusement, les temps changent, et on voit apparaître progressivement plus de personnages féminins avec de la profondeur :
- Aujourd’hui, de nombreux personnages féminins sont moins sexualisés et affichent une vraie personnalité.
- Toutefois, ces évolutions ne font pas l’unanimité. Par exemple, dans Fortnite, même si une majorité de joueurs optent pour des personnages féminins, c’est souvent parce qu’ils bénéficient d’une hitbox plus petite – en gros, ils sont plus fins et donc plus difficiles à toucher.
- Et dès qu’un personnage féminin sort des normes “classiques”, la polémique éclate. Dans Horizon Forbidden West, certains joueurs se sont plaints parce qu’Aloy arborait… du duvet sur le visage. Oui, vous avez bien entendu : “Pourquoi elle a une barbe ?” (comme en témoignent quelques tweets).
- Autre exemple : dans le jeu à venir Intergalactic: The Heretic Prophet, l’héroïne est asiatique et arbore un crâne rasé. Là encore, les critiques ont fusé, avec des accusations de “wokisme” ou de “diversité forcée” contre cette représentation plus variée et moins stéréotypée.
3. Les clichés entre hommes et femmes dans les jeux
Au-delà de la sexualisation, il y a aussi des rôles bien ancrés :
- Pendant longtemps, les femmes ont été cantonnées au rôle classique de la demoiselle en détresse – pensez à Mario sauvant Peach encore et encore. Heureusement, des jeux comme Mario Odyssey renversent la tendance, en proposant une Peach qui laisse Mario en plan et repart seule.
- Pourtant, la représentation des genres demeure déséquilibrée. Une étude a montré que parmi les 100 jeux les plus populaires entre 2017 et 2022, seulement 27 % mettaient en scène une femme en tant que protagoniste principal.
- En remontant plus loin, une analyse d’un échantillon de jeux Sega et Nintendo en 1995 révèle que 41 % des titres n’avaient même aucun personnage féminin, et dans 28 % des cas, les quelques personnages féminins étaient uniquement présents pour être sexualisés.
- Même sur les jaquettes de jeux, les hommes dominent largement : une étude de 2007 a révélé que les hommes apparaissent beaucoup plus souvent que les femmes sur les couvertures de jeux console.
4. On avance, mais c’est pas encore gagné
Heureusement, on assiste aussi à des ruptures de schéma :
- Des titres tels que The Last of Us (avec Ellie), Celeste, Life is Strange ou encore Horizon (avec Aloy) proposent des personnages féminins forts, nuancés, bien écrits, sans tomber dans les clichés classiques.
- Et c’est capital, parce que la moitié des joueurs de jeux vidéo aujourd’hui sont des femmes, et l’industrie commence enfin à prendre conscience de cette diversité. Un exemple concret : FIFA a intégré des équipes féminines dans son opus de 2016.
- Cependant, une étude de 2023 révèle que moins de 10 % des joueurs de FIFA ont déjà lancé une partie en jouant une équipe féminine. De plus, la première fois qu’une femme est apparue sur une jaquette du jeu, c’était en 2023, aux côtés d’un homme.
Pour résumer, même si des progrès indéniables ont été réalisés – une étude publiée en 2016, analysant plus de 570 jeux entre les années 80 et 2014, montre que les personnages féminins se sexualisent de moins en moins – il reste encore beaucoup de chemin à parcourir. Les vieux réflexes sont tenaces, et dès qu’on propose une représentation un peu différente, une partie du public réagit au quart de tour.
Conclusion :
Alors oui, l’univers du jeu vidéo est en pleine mutation. Mais, entre les stéréotypes ancrés, le harcèlement en ligne, les inégalités persistantes dans l’industrie et la représentation souvent caricaturale des personnages féminins, le chemin vers une véritable égalité reste semé d’embûches. Cependant, grâce aux initiatives de terrain et aux évolutions des mentalités – que ce soit par les politiques inclusives des studios ou l’émergence de nouveaux jeux qui cassent les codes – des avancées notables sont en cours. Continuons à encourager la diversité et à combattre les clichés, car le gaming est l’affaire de toutes et de tous !
________________________________________________________________________________
Crédits - 2NL Production
Les stéréotypes de genre dans les JV
Chelle Noah, Pérard Léane, Soulagnet Ninon
More posts
- Crédits vidéosApr 17, 2025
- SourcesApr 17, 2025
Leave a comment
Log in with itch.io to leave a comment.